Histoire et patrimoine de la commune

Un village de caractère

Pour le voyageur qui pénètre dans la vallée de la Canner, le secteur Metzevisse-Kédange, par l’existence d’une voie romaine célèbre et le développement de l’axe Thionville-Sarrelouis, offre un accès historique évident. Mais c’est sans doute Koenigsmacker qui en constitue la porte la plus primitive et la plus naturelle.

Un site favorisé par la nature

Le peuplement du site est sans doute des plus anciens, les cours d’eau comme la Moselle favorisant à la fois la circulation et l’implantation de groupes humains, d’autant plus que les terres y sont particulièrement fertiles. En tous cas, la présence romaine et franque y est attestée par le présence de nombreux vestiges, dont un cimetière mérovingien découvert en 1934. Nous pouvons légitimement penser que le petit village de « Makra », domaine royal qui échoit au début du XIIIème siècle à l’abbaye bénédictine Saint Mathias de Trèves, se constitue à cette époque-là. L’origine lointaine pourrait bien être la présence de soldats romains, dont la science d’implantation et d’organisation des camps est légendaire ; leur campement, non loin de l’actuelle chapelle Saint Roch, se serait transformé peu à peu en village. Nettement plus tard, au Moyen Âge, celui-ci constitue le débouché naturel de marchands messins, qui circulaient vers le Nord et empruntaient ce qu’on appellerait aujourd’hui un « itinéraire-bis » pour éviter la vallée de la Moselle, en passant par l’ancienne voie romaine jusqu’à hauteur d’Elzing, puis en longeant la Canner. Cette situation favorisée explique que la bourgade de départ ait acquis assez rapidement une certaine importance : autour de 700 habitants à la fin du XVème siècle, puis près d’un millier à la veille de la Révolution, pour doubler quasiment le chiffre aujourd’hui. Rappelons au passage, que le village de Métrich, indépendant de 1790 à 1810, est rattaché depuis cette époque à Koenigsmacker.

Une terre d'histoire

Sans viser à l’exhaustivité, tant les événements sont nombreux, procédons à un rapide survol historique. Le village connut un premier développement important, avec l’édification de fortifications et probablement l’octroi de franchises, sous l’empereur Henri VII et son fils Jean Ier de Luxembourg, dit « l’Aveugle » (1296-1346), soldat courageux et dynamique, qui combattit – aveugle ! – aux côtés du roi de France et périt à la bataille de Crécy ; c’est lui qui transforma la dénomination de « Machern » en « Koenigsmacker », qui traversera les siècles, hormis une brève interruption sous la Révolution, – rejet de la royauté oblige – où l’on parle de « Freymacker » (c’est-à-dire « Macker libre »). Au XVIIème siècle, le village subit de plein fouet les ravages de la Guerre de Trente Ans : la population tombe de 700 à 200 habitants, les hameaux de Danheim et Dodenhoven situés à proximité sont définitivement rayés de la carte.

A partir du XVIIIème siècle, il épouse les soubresauts de l’histoire locale et nationale, les derniers événements marquants étant la 1ère évacuation vers la Vienne, le 1er septembre 1939, le retour l’année suivante, la 2ème évacuation le 11 septembre 1944, prélude à d’importantes destructions suite aux durs combats du secteur, mais aussi le jour mémorable du 5 décembre 1948, où Koenigsmacker, lors d’une cérémonie solennelle, se voit remettre la Croix de Guerre en présence des plus hautes autorités civiles et militaires de la région et inaugure la plaque commémorative sur la maison natale du Père Scheil. Ce dernier a porté la renommée du village dans le monde entier : assyriologue réputé, savant éminent, c’est lui qui a réussi à traduire les inscriptions cunéiformes de la stèle d’Hammourabi, un des tout premiers codes écrits que l’on connaisse ; un article de la revue L’Austrasie daté de 1905 salue cette avancée considérable en ces termes : « Le Père Scheil reconstitue les annales du monde ».

Le village a également enfanté des célébrités militaires ; parmi elles, citons le capitaine François Guillot, né en 1780, qui s’est illustré sur tous les champs de bataille napoléoniens, de la bataille d’Ulm (1805) à la chute de l’empire ; il fut blessé à plusieurs reprises et remarqué par l’empereur en personne lors du passage de la Bérézina. Citons également Pierre François Dimoff (1831-1890), qui, après de brillantes études à Saint Cyr, participe aux combats de Crimée (1855-1856), du Mexique (1862-1866), se retrouve avec l’armée de Bazaine dans Metz encerclée lors de la guerre de 1870, avant de remplir plusieurs autres mission après sa libération et d’être nommé général de Brigade en 1886, avec de nombreuses décorations à la clé.

Le tour d’horizon serait incomplet si l’on n’évoquait l’intense vie religieuse qui a irrigué tous ces siècles et qui nous laisse de nombreux témoignages patrimoniaux. La paroisse de Koenigsmacker est consacrée à Saint Martin et Saint Roch, que réunit, de façon anecdotique et légendaire, le symbole du manteau : si Saint Martin (316-397) déchire le sien lors d’une nuit glaciale d’hiver pour le partager avec un pauvre avant d’entamer une vaste campagne d’évangélisation dans les Pays de Loire avec Saint Hilaire de Tours , Saint Roch (1295-1327) ouvre le sien pour montrer les atteintes de la peste dont il est miraculeusement guéri, le chien qui lui apportait du pain dans sa retraite à ses côtés. C’est à ce dernier qu’est dédiée la chapelle qui domine le village et qui a été reconstruite en 1625 par Pierre Klop et sa femme Anne Fensch de Distroff pour remercier Dieu d’avoir échappé à la peste qui sévissait à cette époque-là. Quant à l’église paroissiale Saint Martin, reconstruite au milieu du XVIIIème siècle, elle recèle de nombreuses richesses, dont une splendide statue du « Christ aux Liens », plus connue sous l’appellation « Bon Dieu de Pitié », offerte en 1580 par l’abbaye Saint Mathias de Trèves. Enfin, la commune possède de nombreuses croix de chemin ou bildstocks de toutes sortes, qui constituent autant de témoins de la foi simple et profonde de nos ancêtres et qui peuvent se découvrir par des visites guidées